La mobilisation contre la réforme Borne-Macron s’amplifie et fait grandir le rapport de force syndical et populaire contre un projet dont une large majorité de français-es ne veut pas. En effet, selon plusieurs sondages, 70 % de l’ensemble des personnes interrogées sont opposées à la réforme, parmi lesquels 93 % des actifs. Les journées de mobilisation et de grève rassemblent énormément de monde, notamment dans les villes moyennes et « périphériques ». Jusqu’à 2,8 millions de manifestants le 31 janvier et presque autant le 11 février dernier, pourtant un samedi de vacances scolaires. La rue se fait entendre et n’entend pas se taire de si vite puisque à l’appel de l’intersyndicale nationale, de nouvelles dates d’initiatives sont prévues dans toute la France pendant tous les congés scolaires, avec en ligne de mire la date du mardi 7 mars, journée nationale de grèves reconductibles.
Selon l’intersyndicale, si le gouvernement « reste sourd à la mobilisation, nous appellerons à mettre la France à l’arrêt ». Autrement dit, le mouvement social entend durcir la lutte, fort du soutien des salariés du pays et d’un mouvement populaire qui porte en lui la colère contre la vie chère, la régression sociale et la remise en cause du modèle social français issu du Conseil National de la Résistance, incarnées par le report de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisation.
Face à cette levée en masse, le gouvernement se prend les pieds dans le tapis. Il essaye tant bien que mal de convaincre du progrès que constitue cette réforme inique, mais personne n’est dupe.
Pire, il ment. Sur la forme, il dit à qui veut l’entendre que le temps des négociations avec les organisations syndicales aurait permis d’améliorer la réforme. Mais aucune proposition formulée par les syndicats n’a été prise en compte par Olivier Dussopt, ministre du travail. Sur le fond, il s’agit d’une réforme pour « travailler plus, plus longtemps et plus tôt », plus injuste encore pour les femmes dont les carrières sont plus hachées, les temps de travail partiel récurrents et les salaires plus faibles.
C’est dans ce contexte que la réforme est examinée à l’Assemblée Nationale où la bataille parlementaire fait rage, dans un climat parfois survolté où les comportements outranciers de deux députés LFI (Thomas Portes et Aurélien Saintoul) ont fait l’actualité mais ont empêché d’avancer le débat de fond, alors que le gouvernement l’a volontairement limité dans le temps (NDLR : jusqu’au vendredi 17 février). L’article 7 qui traite de l’âge et de la durée de cotisation doit pourtant être discuté à l’Assemblée Nationale, pour que chaque député assume son positionnement auprès des habitants de sa circonscription et se prononce sur ces deux points cruciaux. La bataille va durer, les députés NUPES, communistes, écologistes, socialistes, une partie des insoumis, entendent mener les débats jusqu’au bout, dans le respect des règles républicaines.