Les communistes dans la résistance

« Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves »

C’est un arménien, résistant communiste des FTP-MOI qui nous le rappelle par cette phrase au moment d’être fusillé par les Nazis en 1944 « …je n’ai aucune haine contre le peuple allemand… ». Une déclaration à méditer et une conception internationaliste à défendre. La conscience et le sens de la solidarité entre les peuples de Missak Manouchian sont un exemple pour aujourd’hui.
La résistance communiste parmi toutes les résistances peut s’honorer de telles personnalités. Elle ne commence pas un jour de fin juin 1941 comme l’affirmait le Général De Gaule en 1955 «… mis à part quelques individualités, le PCF n’est pas entré en résistance avant le 22 juin…».

Avec la montée des fascismes (Italie, Allemagne, Espagne…Ligue d’extrême droite en France) dans les années 1920-30, le PCF résiste et lutte avec sa participation au front antifasciste puis au front populaire. Il s’oppose aux accords de Munich en novembre 1938. Dès cette période, la volonté de l’interdire émerge. C’est le sens de la déclaration du ministre Bonnet en juillet 1939, « les communistes mis à la raison ». Plutôt Hitler que le Front Populaire.

Alors qu’il se bat pour la paix jusqu’au bout et malgré le trouble du « pacte de non-agression » fin août 1939, il appelle à « l’union de la nation française contre l’agresseur hitlérien », titre de l’Humanité qui est censurée et interdite comme tous les journaux communistes.

Dans la foulée, alors qu’il se prononce pour la défense nationale, le PCF est interdit en septembre 1939, ses militants pourchassés et réprimés, ses élus déchus. C’est un parti brisé en mille morceaux, une réalité aggravée car les militants sont victimes du décret du ministre socialiste Sérol prévoyant la peine de mort en avril 1940. 

Les flottements d’un parti clandestin, affaibli et dispersé ne l’empêchent pas d’appeler à la défense de Paris les 6-7 juin par des propositions au gouvernement portées par le philosophe G. Politzer qui sera fusillé par les nazis.

Après la défaite et l’occupation, outre l’appel du Gal. De Gaulle à Londres le 18 juin, Charles Tillon (le futur organisateur des FTP communistes en 1942) produit un appel à résister le 17 juin à Bordeaux visant clairement le fascisme. Jacques Duclos et Maurice Thorez écrivent un texte «Appel au peuple de France» vers le 10 juillet, date de l’écrasement de la république par l’État Pétainiste, «Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves… ». Dans le chaos, il faut prendre date et condamner les vichystes et leur collaboration !

La direction du parti est dispersée, réfugié à Moscou M. Thorez critique les errements de la tentative de reparution du journal l’Humanité. En réalité, loin des images symboliques, les résistances sont un processus qui, en 1940, commence de façon balbutiante, par des initiatives individuelles puis par petits groupes pour arriver à une forme accomplie en 1943 (La Résistance). On n’entre pas en résistance, on la fait.

En Loire-Atlantique, dès juillet des militants dont Marcel Paul, Auguste Havez et Many Ballanger, puis Claude Millot et Marguerite Joubert s’attèlent à réorganiser, à distribuer des tracts pour la libération du sol national, à constituer des dépôts d’armes et envisagent les premiers sabotages.

Des étudiants communistes (François Lescure) jouent un rôle dans la manifestation patriotique du 11 nov. 1940, elle est sévèrement réprimée. Le parti clandestin prend l’initiative d’une organisation armée à l’automne 1940, l’Organisation Spéciale (OS), de Comités Populaires pour défendre les revendications puis d’un « Front National de Lutte pour l’Indépendance » le 15 mai 1941. C’est dans cette situation que la première manifestation de masse d’une résistance ouvrière - la grève revendicative et anti-occupants des mineurs du Nord-Pas de Calais - est organisée fin mai 1941, avec l’impulsion de dirigeants communistes clandestins dont Martha Desrumeaux.

En août 1941, à Paris et Nantes, les premières actions armées sont menées contre des soldats allemands alors que l’armée d’Hitler a envahi l’URSS le 22 juin. La répression va s’accentuer.
Le PCF clandestin œuvre pour la constitution du Conseil National de la Résistance (CNR) sous l’impulsion de Jean Moulin - l’envoyé de C. De Gaulle - puis à la concrétisation de son programme progressiste « Les Jours heureux » en 1943.

À la libération, se battant pour l’insurrection nationale (à Paris avec Rol-Tanguy), les communistes seront des combattants persévérants du programme du CNR. Droit de vote des femmes, mise en place de la Sécurité sociale par le ministre Amboise Croizat.

Au féminin et au masculin, des milliers de militants sont tombés, au combat, arrêtés puis déportés et bien sûr fusillés, ce qui vaudra à ce parti la mention d’ensemble de « Parti des fusillés » par l’écrivaine Elsa Triolet, titre que l’on peut lire sur les cartes de nov.1944. Ils restent dans notre mémoire.
À Châteaubriant Le 22 octobre 1941, Jean-Pierre Timbaud, un des 27 fusillés, l’ancien syndicaliste du Front Populaire était tombé au cri de «Vive le parti communiste allemand !» 
Ils voulaient vivre, ainsi que le disait L. Aragon, « la mort n’éblouit pas les yeux des partisans ». Une histoire noble et honorable à respecter.

Commémorations de Nantes et Châteaubriant :

82 ans après cette journée tragique, soyons nombreux à honorer leur combat pour la liberté et à défendre les valeurs de la Résistance contenues dans le programme du CNR «Les jours heureux».

Vendredi 20 octobre
- Nantes à 17h45, Veillée du souvenir au Monument aux 50 Otages

Samedi 21 octobre
- Nantes à 10h00, cérémonies officielles au Monument aux 50 Otages, au terrain du Bêle et au cimetière de la Chauvinière
- Châteaubriant à 14h30 à la Stèle du camp de Choisel, hommage à Odette Nilès, et dans la cour du château
- Châteaubriant à 17h00, vernissage de l’exposition temporaire au musée de la Résistance

Dimanche 22 octobre
- La Blisière - Juigné-des-Moutiers à 10h00, hommage aux fusillés du 15 décembre 1941
- Châteaubriant à 13h30 au rond-point Fernand Grenier : départ du cortège vers la carrière

Des cars gratuits sont mis à disposition par les municipalités au départ de Nantes (10h30 place du Vieux Doulon - horaires complets ci-joint) et de Saint-Nazaire (départ à 11h au parking du Théâtre côté CIL, 11h15 à Trignac place de la mairie, 11h40 à Montoir-de-Bretagne place du marché).

S’inscrire à comitesouvenir@resistance-44.fr ou au 06 33 83 74 35 pour Nantes.
S’inscrire à alain.trigodet@free.fr ou au 06 95 70 63 96 pour Saint-Nazaire.