En arrivant au Ministère de la Culture, Rachida Dati a donné l’impulsion à un projet de rapprochement des médias publics, réforme qu’Emmanuel Macron évoquait déjà en 2017 et que le Sénat a votée en 2023. Largement remaniée en commission, les députés s’apprêtent à l’examiner. En l’occurrence, il s’agirait de fusionner France Télévisions (France 2, France 3 et ses antennes régionales, France 4 et France 5, la chaîne d’information Franceinfo et son site internet…), Radio France (France Inter, Franceinfo, France Culture, France Musique, FIP et Mouv’, le réseau local France Bleu…), France Médias Monde (France 24, RFI et la radio en arabe Monte Carlo Doualiya) et l’Institut national de l’audiovisuel (INA). TV5 Monde et Arte ne sont pas concernées, puisqu’elles bénéficient d’un statut international.
Au départ présenté comme constitutives d’une holding, France Média, ayant pour objectif de « définir les orientations stratégiques » et de « veiller à la cohérence et à la complémentarité de leurs offres de programmes », les médias concernées seraient en fait dès janvier 2026 fusionnées en une structure géante avec un budget de 4 milliards d’euros pour 16 000 salariés et un PDG nommé pour cinq ans par l’autorité de régulation de l’audiovisuel. Il s’agirait, selon le gouvernement, de se regrouper pour être plus fort face aux réseaux sociaux, aux médias privées ou aux plateformes comme Netflix. Comme on pouvait s’y attendre, une partie de la droite et l’extrême droite y voient l’opportunité de réaliser des économies d’échelle et peut-être de museler une certaine indépendance d’esprit difficile à percevoir dans les médias détenus par les milliardaires.
Franchement hostiles à ce projet de regroupement – vu comme « un retour de l’ORTF », convaincues de voir disparaître ce qui faisait la spécificité de chaque média, les organisations syndicales ont mené une grève très suivie les 23 et 24 mai, jours prévus pour l’examen du projet à l’Assemblée nationale, examen finalement reporté en juin...