Éducation à la vie affective :Une nécessité de santé publique

Les États-Unis ont un poids si important dans le monde que leur politique intérieure est toujours scrutée avec attention. Les analystes ne manquent généralement pas de multiplier les parallèles pour expliquer ce qui se passe ici au regard de ce qui se fait outre-Atlantique. Les acteurs politiques eux-mêmes ne manquent pas de s’en inspirer.

Les mensonges de quelques groupuscules sur le futur contenu de l’enseignement à la vie affective et sexuelle ne peuvent qu’interpeller par leurs similitudes avec ceux colportés en Amérique. Autre point commun, ce qui aurait dû rester dans quelques cercles complotistes est allé jusque dans la chambre législative.

Interrogé lors des questions au gouvernement, le ministre délégué à la Réussite scolaire Alexandre Portier a brutalement chargé le futur programme en ne le jugeant « pas acceptable », se sentant le besoin d’ajouter « en tant que père de famille ». À un refus de toute éducation sexuelle s’ajoute une véritable volonté de nuire en multipliant les outrances sur le sujet. Les accusations absurdes de la projection d’images pornographiques en classe sont d’autant plus inquiétantes qu’elles sont les mêmes qui avaient conduit au brutal assassinat de Samuel Paty.

Les médias conservateurs du groupe Bolloré ou Le Figaro ont multiplié les traitements peu scrupuleux du sujet, alors que les représentants de l’enseignement catholique ont également appelé le futur programme à être « profondément remanié ». Cette offensive réactionnaire fondée sur la calomnie est directement inspirée des campagnes visant les écoles observées aux États-Unis.

L’éducation à la vie affective et sexuelle est en réalité une nécessité de santé publique alors que les maladies sexuellement transmissibles ne reculent plus. C’est un moyen de combattre l’isolement de milliers d’adolescents en questionnement chaque année, mais aussi les violences sexuelles. Éduquer, c’est armer des personnes qui pourraient en être victimes. Plus largement, en parler doit aussi amener à une réflexion sur les rapports femmes-hommes pour prévenir de futures violences.

L’enjeu du débat autour de ce programme devrait être de souligner sa relative faiblesse. Peu d’heures y seront consacrées (trois séances par an) avec des personnels pas toujours formés. On peut d’ailleurs douter que ces séances aient bien lieu puisqu’elles existent théoriquement déjà et ne sont pas systématiquement mises en place.