Le leader français de la santé, le géant transnational qui, comme proclamé, «accompagne au quotidien des millions de patients dans leur parcours de soins» fait ces derniers jours pâle figure. Alors que la pandémie continue de sévir et que les populations attendent le déploiement de la vaccination, que se présentent sur le marché des vaccins d’origine diverses, Sanofi, au troisième rang mondial dans le secteur de la santé, annonce n’être toujours pas en mesure de mettre au point le sien.
Il faut admettre que la suppression prévue de 1700 emplois en Europe, dont 1000 en France, n’est pas faite pour redonner du crédit à la multinationale.
De fait, il est difficile de concevoir qu’une entreprise amenée à réduire son personnel de la sorte soit en mesure de produire le moindre résultat. Ceci d’autant plus que, sur les 1700 emplois détruits 400 postes de chercheurs sont concernés. Pour la première entreprise française en matière de recherche et développement pharmaceutique, la saignée pourrait être fatale.
Là où cela se complique, c’est la prise en considération des bénéfices de l’entreprise, qui ont augmenté de 340% sur l’année 2020 par rapport à 2019. La manne financière colossale qui en a résulté aura ainsi permis de verser plus de 4 milliards d’euros aux actionnaires, un record pour l’entreprise qui présente au même moment son « plan de sauvegarde de l’emploi ».
Sur la défensive, le groupe répond que «suspendre les dividendes ou les réduire en raison de la pandémie actuelle viendrait à fragiliser l’entreprise, réduire son attractivité et altérer ainsi sa capacité à innover sur le long-terme pour les patients». Ce qui revient à dire que la santé des patients dépend du montant donné aux actionnaires.
Plus grave la société a passé un accord, dans le plus grand secret avec l’Union Européenne pour la fourniture de 300 millions de doses de vaccins qui ne seront peut-être jamais livrées. Combien a-t-elle touché avant de commencer à licencier ? De même, elle bénéficie de crédits d’impôt recherche et du CICE, de l’argent public directement versé dans le puits sans fond et sans morale de l’actionnariat.
La «compétitivité des entreprises» tant vantée par le MEDEF et Macron nous montre ici ses limites, celle du profit à tout prix. La santé des marchés financiers compte plus que celle de l’Humanité.