Le gouvernement fait un pas en arrière et rouvre le dossier de la centrale EDF de Cordemais. Le projet de reconversion écologique de la centrale Écocombust porté par la CGT et abandonné par EDF en juillet dernier revient à la table des discussions. Pour rappel, EDF et le gouvernement avaient renoncé au projet au mois de juillet 2021, invoquant des raisons capitalistes. Cette décision laissait les 500 travailleurs du site (et les 1000 emplois indirects) sur le carreau. La CGT, les élus et la population locale, des forces politiques dont le PCF, dénonçaient un gâchis industriel, social, territorial, environnemental et alertaient sur les risques pesant sur l’approvisionnement en électricité du Grand Ouest.
Depuis le début de l’année, l’arrêt technique de plusieurs centrales nucléaires, l’envolée des prix de l’énergie depuis plusieurs mois, conduisent l’État à réétudier le projet de conversion de la centrale à la biomasse. Alors que toutes les centrales à charbon devaient fermer en 2022, la réalité et la raison rattrapent le gouvernement. Celui-ci prépare actuellement un décret pour permettre aux centrales à charbon de produire 2000 heures supplémentaires pour passer le pic hivernal 2022, mais qu’en sera-t-il pour les hivers suivants ? Un signe d’espoir pour le projet Écocombust ? Pour Gwenael Plagne, syndicaliste CGT de la centrale : « avec la hausse des prix de l’énergie auquel nous assistons, la reconversion de la centrale redevient, pour le gouvernement, possible ». En complément de cette conjoncture économique, la CGT ne s’est pas résignée et a été chercher deux autres industriels que sont l’entreprise de traitement de déchets « Paprec » et le fabricant de pellets « Européenne de biomasse » basé à Reims. Ces deux entreprises sont complémentaires, l’une pourrait fournir la matière première (déchets bois) et l’autre les pellets, en attendant l’installation d’une usine de ce combustible sur Cordemais. L’intérêt économique d’EDF, des nouveaux partenaires industriels et le revirement du gouvernement sont donc une bonne nouvelle pour les salariés, les usagers et les territoires.
La question de l’énergie sera sans nul doute un thème saillant de la présidentielle. Face à un gouvernement et des candidatures, même de gauche, sans projets industriels durables pour garantir la souveraineté énergétique de la France à des prix accessibles, il y a besoin d’élever le niveau du débat et, comme le propose Fabien Roussel : produire plus d’électricité renouvelable, plus d’électricité décarbonée, pilotable, autour d’une entreprise publique nationalisée et dans le cadre d’un mix énergétique intégrant le nucléaire.