Le Pharo de la ville « rebelle » de Marseille a accueilli le congrès national du PCF du 7 au 10 avril dernier. À quelques pas du Vieux port, 700 délégués communistes ont planché, sourire aux lèvres mêlés au sens des responsabilités, pour ce grand rendez-vous démocratique, sérieux et fraternel. Le soleil méditerranéen et l’actualité sociale y étaient certainement pour quelque chose. Passés les « selfies » dans un paysage de carte postale avec vue sur la cité phocéenne, les délégués entraient dans le vif du sujet et débattaient des sept chapitres du texte d’orientation « L’ambition communiste pour de nouveaux jours heureux » au moment même où plusieurs crises s’entremêlent : crise du capitalisme, crise démocratique, climatique, et crises internationales.
Les objectifs pour les trois prochaines années sont fixés, nourris de la puissante mobilisation contre la réforme des retraites et des solutions communistes pour répondre aux défis de civilisation qui émergent, et à la crise de régime que connaît le pays. Les invités, l’ambassadrice de Palestine ou celui de Cuba, des représentant-e-s de partis « amis » ont été attentifs aux discussions et sont intervenus pour saluer les liens qui unissent les communistes français aux combattants du monde entier pour l’émancipation humaine, le progrès, la paix et la solidarité internationale. Dans son discours d’accueil, Benoît Payen, Maire de Marseille, a rappelé le rôle important des communistes dans l’Histoire et la vie politique de la ville.
C’était quelques heures avant le drame survenu et l’effondrement d’un immeuble rue Tivoli. Le congrès a d’ailleurs rendu un vibrant hommage aux victimes et aux forces de secours.
L’urgence du changement politique à construire était de tous les débats. Des débats riches sur la stratégie à mettre en œuvre pour réaliser le tournant majeur nécessaire pour contrecarrer les politiques de droite résolument au service du grand capital. Les prises de parole ont fusé sur le rassemblement à opérer pour y parvenir. D’où la proposition de construire un nouveau Front populaire, avec les forces de la NUPES mais élargies à toutes les forces progressistes et humanistes.
À ce stade, la situation de la gauche ne permet pas d’envisager une majorité populaire. Un plafond de verre est à casser pour réussir l’alternative politique de gauche au macronisme sans laisser l’extrême droite capitaliser sur le mécontentement populaire grandissant. Ainsi, pour les communistes, et contrairement à certains de ses partenaires de l’accord électoral pour les législatives 2022, comme Manuel Bompard (FI) dans son courrier polémique adressé aux congressistes, il n’est pas question de fondre les différents partis dans une nouvelle organisation mais bien d’additionner les forces, de renforcer chacune d’entre elles et d’élargir l’assise populaire de ce rassemblement nécessaire. C’est à partir des exigences populaires et dans le respect des organisations syndicales et politiques que l’alternative de gauche sera possible.
Le rayonnement du Parti communiste et son renforcement ont, à ce titre, été une question centrale du congrès. La volonté de poursuivre la dynamique d’implantation communiste sur tout le territoire national, dans les entreprises, dans les quartiers populaires, dans les petites communes est réaffirmée. Les évolutions du texte des statuts ont concerné la structuration et l’organisation du PCF, les droits et les devoirs des adhérent-e-s. Les choix faits ont été largement partagés puisque le texte d’orientation a été voté par 85 % des délégués et celui des statuts à plus de 80 %.
C’est une direction nationale renouvelée à 50 %, rajeunie, plus représentative des adhérents et du monde du travail, conduite de nouveau par Fabien Roussel, qui sera désormais en charge de mettre en œuvre la feuille de route décidée par les communistes. La liste commune, puisqu’il n’y avait pas de liste de direction alternative et où figurent quatre membres de Loire-Atlantique : Robin Salecroix, Véronique Mahé, Pascal Pontac et Aymeric Seassau, a recueilli 80.6 % des voix et témoigne de l’unité des communistes. Une situation très singulière dans le paysage politique et à gauche en particulier.
Après un week-end de travail intense les délégués s’en sont allés dans leurs territoires, regonflés, motivés pour combattre, conquérir et recréer l’espoir.