La Loire-Atlantique n’est pas épargnée par la crise qui frappe la psychiatrie, avec un manque cruel de personnel soignant et des fermetures de lits par dizaines dans les structures hospitalières : 20 lits fermés en 2023 à l’hôpital Saint-Jacques de Nantes, 30 lits depuis 2022 à l’hôpital de Saint-Nazaire (dont 11 lits de pédopsychiatrie), 17 lits d’admission en secteur adultes à Blain avec des menaces de nouvelles fermetures… sur l’ensemble des Pays de la Loire, ce ne sont pas moins de 236 lits qui ont été fermés en psychiatrie entre 2015 et 2020. Quant au personnel, 54 postes infirmiers (postes vacants, arrêts de travail…) sont manquants sur l’ensemble du secteur de la psychiatrie au sein du CHU de Nantes.
La situation est d’autant plus dramatique lorsqu’il s’agit de patients mineurs orientés en psychiatrie adulte : en 2020, 82 mineurs ont ainsi été hospitalisés en psychiatrie adulte à l’hôpital Saint-Jacques, 108 en 2021, 141 en 2022. À cela s’ajoute un sous-effectif général de pédopsychiatres.
Depuis plusieurs années, la CGT du CHU de Nantes n’a eu de cesse d’alerter sur la dégradation des conditions de travail de tous les hospitaliers, et plus particulièrement en psychiatrie, où il faut composer avec des patients présentant des angoisses majeures, des éléments délirants, des comportements auto-agressifs, et qui souvent nécessitent une surveillance renforcée.
Cette état de fait génère une augmentation substantielle des situations d’épuisement professionnel et d’absentéisme pour maladie.
Les professionnels font état d’une majoration de la charge de travail en lien avec le sous-effectif important et chronique, de dysfonctionnements organisationnels, d’instabilité des équipes...
Malgré tout, aucun plan massif de formation et d’embauches de professionnels n’a été mis en place.
Mardi 3 octobre, le collectif Psychiatrie 44 organisait un rassemblement à l’hôpital psychiatrique Epsylan de Blain, particulièrement touché, afin d’alerter les pouvoirs publics. Ce centre, qui couvre 50 % des besoins de la Loire-Atlantique (Blain, Pontchâteau, Héric, Nort-sur-Erdre, Ancenis-Saint-Géréon, etc) a subi la suppression de 17 lits au printemps, entraînant automatiquement un allongement des délais de prise en charge. Or, concernant des patients nécessitant des soins psychiatriques, les situations créées peuvent se dégrader rapidement et devenir dramatiques, pour les malades comme pour tous ceux qui les entourent.
Pour le personnel soignant, l’absence de réaction gouvernementale aux appels à l’aide maintes fois réitérés accroît un sentiment d’impuissance et de faillite.
À Blain comme ailleurs, il y a urgence.