En circulant sur les nationales de France ces dernières semaines, nous avons pu voir de nombreux panneaux de ville retournés, sans en connaître nécessairement la signification.
Si un message y était associé, ce « On marche sur la tête » pouvait rester sibyllin… jusqu’à apprendre que cela participait d’un mouvement plus général d’agriculteurs en colère, porté par les syndicats Jeunes Agriculteurs et la FNSEA. Ceux-ci dénoncent les directives contraignantes, trop souvent contradictoires, venant des ministères ou de Bruxelles et qui complexifient leur profession.
Les injonctions à produire plus pour assurer l’indépendance alimentaire tout en s’orientant vers une agriculture raisonnée, la demande de réduire les marges pour contenir l’inflation tout en étant mis sous la pression des groupes agro-alimentaires et alors que le niveau de vie des agriculteurs est dans de nombreuses régions au plus bas, concourrent à un malaise qui frappe une grande partie du secteur.
En Allemagne, des milliers d’agriculteurs manifestent, bloquant des entrées de villes et d’autoroutes avec des tracteurs – 5000 à Berlin le week-end dernier. Ce mouvement, surfant sur un mécontement latent dû au renchérissement des coûts de production – dont celui de l’énergie, s’est concrétisé à la suite des décisions gouvernementales de réduire les subventions sur le diesel et de supprimer l’exonération de la taxe automobile concernant les véhicules agricoles. Malgré un retrait partiel des mesures les grondements persistent, grogne dont le parti d’extrême droite AfD semble vouloir profiter...
Aux Pays-Bas, les élections de l’année dernière ont fait émerger le BBB, ou Mouvement des citoyens-agriculteurs, nouvelle formation qui conteste la réduction programmée de l’élevage, cause d’une production trop importante des émissions des produits dérivés de l’azote. Le gouvernement demandant de diviser par deux la production, comment, pour la plupart des exploitants, continuer à valoriser les investissements, à rembourser les crédits ? Ici encore, le sentiment d’être dépréciés, d’être injustement traités de pollueurs domine...
Plus à l’est, ce sont les agriculteurs polonais, roumains ou encore bulgares qui s’inquiètent de l’arrivée massive des productions agricoles ukrainiennes sur le marché européen, productions n’ayant pas à répondre aux contraintes sanitaires, environnementales et sociales européennes.
Avec les élections européennes de juin prochain, le sujet de la Politique agricole commune (PAC) revêt une importance considérable pour le continent. Portons l’ambition d’une agriculture européenne forte, respectueuse et respectée.