Sans surprise, François Bayrou a dégainé le 49.3 pour faire passer en force le budget 2025 de la France, ainsi que celui de la Sécurité Sociale. Tout en reconnaissant que son budget n’était pas parfait, l’admirateur d’Henri IV aura, grâce aux atermoiements tactiques du PS, à l’outrance de LFI et aux arbitrages du RN, réussi pour cette fois à contourner les rapports de force à l’Assemblée nationale et à donner un bon point au grand capital qui, malgré quelques efforts consentis, sort grand vainqueur de la bataille.
Pour le député communiste André Chassaigne, président du groupe GDR, « ce budget est pire que le précédent ». En effet, c’est un budget plus austéritaire que celui proposé par Michel Barnier en son temps. Selon l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques, le budget 2025 pourrait avoir un résultat récessif d’au moins 0,8 point, alors que les prévisions de croissance de l’économie française sont estimées à 0,9 % en 2025.
Ce budget n’a rien du compromis annoncé en début d’année puisque toutes les propositions formulées par la gauche ont été rejetées et la colonne vertébrale du texte est directement inspirée du gouvernement précédent. Toutes les mesures Barnier retirées : la non-suppression des 4000 postes dans l’Éducation nationale ou le retrait des deux jours de carence supplémentaires dans la fonction publique seront compensés par des baisses de budget des ministères concernés : -227 millions d’euros pour l’école et -900 millions pour les arrêts maladie de tous les salariés.
L’objectif affiché par l’exécutif de ramener le déficit public de 6,1 % à 5,4 % à la fin de l’année est une obsession de la droite et de l’extrême droite. Alors que le budget de la nation a besoin d’être renforcé sur le long terme, il faudra se contenter d’impôts et taxes temporaires sur 440 grandes entreprises (plus de 1 milliard de chiffre d’affaires) pour 7,8 milliards. À cela il faut ajouter : le maintien de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) jusqu’en 2030 soit 4,2 milliards ; une taxe sur l’optimisation fiscale à hauteur de 1,9 milliard, mais aussi des taxes sur les billets d’avion, une hausse de la TVA pour les auto-entrepreneurs ou une légère augmentation de la taxe Tobin sur les transactions financières. Rien de révolutionnaire au regard des 200 milliards d’euros d’aides publiques annuelles versées aux entreprises sans contreparties ou des 100 milliards reversés par les entreprises françaises à leurs actionnaires sous forme de dividendes ou rachats d’actions en 2024.
Par contre, les coupes budgétaires vont être des bombes à retardement pour les ménages et les collectivités. Les collectivités et leurs services publics locaux vont être ponctionnés de 2,2 milliards (5 milliards selon l’AMF) ; la transition écologique de 2,5 milliards ; -1 milliard pour la recherche publique et l’enseignement supérieur alors que l’argent vers la recherche privée abonde (IA…) ; -150 millions pour la culture ; -1,4 milliard pour l’aide au développement ; -700 millions pour le sport ; -150 millions pour l’audiovisuel public ; -225 millions pour l’Éducation nationale ; les crédits pour l’Aide médicale d’État vont être gelés…
C’est un budget dur pour les plus fragiles et pour l’économie nationale, un budget favorable aux intérêts de la classe dominante dans un contexte international où les modèles sociaux protecteurs sont ouvertement attaqués par les baisses de dépenses sociales.